Madagascar, l'île rouge

Madagascar, un pays riche et contrasté

Situé dans l'océan Indien et surnommé la « grande île », « l’île rouge » ou « l’île continent », Madagascar est un pays qui ne cesse d'étonner et d'attirer les voyageurs. C'est la quatrième plus grande île du monde, avec une superficie de 587 041 km² et une population estimée à 28,92 millions d'habitants en 2021. Mais ce qui fait sa singularité, c'est sa diversité géographique, culturelle et historique. En effet, le pays présente des paysages variés, des religions multiples, des produits commerciaux de qualité et des personnages historiques marquants.

Un territoire aux reliefs variés

L’île rouge est située au large de l'Afrique, divisée en cinq régions géographiques aux caractéristiques et aux attraits touristiques différents :

La côte est est la plus montagneuse et la plus humide, avec le Maromokotro, le plus haut sommet de l'île, et le parc national de Masoala, le plus grand et le plus riche en biodiversité.

Le massif Tsaratanana qui est une chaîne montagneuse au nord, offrant des sources thermales, des cascades et des possibilités de randonnée.

Les hauts plateaux du centre, cœur historique et culturel du pays, abritant Antananarivo, la capitale, et les principales traditions et fêtes malgaches.

La côte ouest, bordée par le canal du Mozambique et présentant des paysages variés, comme les mangroves, les savanes et l'allée des baobabs.

Le sud-ouest est la région la plus aride, avec des déserts de sable, des formations rocheuses et la culture nomade des Antandroy.

L'île compte également de nombreux cours d'eau et lacs, ainsi que d'autres îles et archipels voisins favorisant son attrait.

Une société aux croyances diverses

Madagascar est un pays multiconfessionnel, où coexistent diverses religions et croyances. Selon le recensement de 2018, 52 % de la population pratique la religion traditionnelle malgache, qui repose sur le culte des ancêtres et des esprits de la nature. Cette religion se manifeste par des rites comme le famadihana (réinhumation des morts) ou le fady (tabou). Le famadihana est une cérémonie qui consiste à exhumer les corps des défunts, à les envelopper dans de nouveaux linceuls, à les porter en procession et à les réenterrer dans le tombeau familial. Le fady est un interdit qui peut concerner un lieu, un animal, un objet ou une action. Par exemple, il est fady de manger du porc-épic dans certaines régions ou de siffler la nuit.

41 % de la population est chrétienne, répartie entre catholiques (21 %) et protestants (20 %). Le christianisme y a été introduit par les missionnaires européens au XIXe siècle. Il s'est souvent mêlé aux pratiques ancestrales, donnant lieu à un syncrétisme religieux. Par exemple, certains chrétiens malgaches continuent à pratiquer le famadihana ou à respecter le fady. Cette religion a également joué un rôle politique et social dans l'histoire du pays, en soutenant ou en s'opposant aux pouvoirs en place.

7 % de la population, principalement située sur la côte nord-ouest de l’île, pratique l’Islam, apporté par les commerçants arabes et swahilis dès le 10e siècle. Les musulmans malgaches sont majoritairement sunnites et suivent l'école chaféite. Ils se distinguent par leur langue, le malgache arabe, qui est un mélange d'arabe et de malgache et se regroupent aussi dans des associations religieuses, comme la confrérie soufie Qadiriyya.

Une histoire marquée par des personnages emblématiques

Parmi les nombreux personnages qui ont marqué l’histoire de Madagascar, deux reines ont joué un rôle important dans la construction et la défense de l’identité malgache.

Ranavalona Ire

Ranavalona Ire (1788-1861) est la première reine sur l’Île rouge. Elle accède au trône en 1828, après la mort de son mari Radama Ier, et se distingue par sa politique de résistance à l’influence étrangère, notamment française et britannique. Elle réduit les liens économiques et politiques avec les puissances coloniales, repousse une attaque française sur la ville de Foulpointe et prend des mesures vigoureuses pour contenir le mouvement chrétien initié par les missionnaires de la London Missionary Society. Elle va aussi s’assurer de renforcer l’unité et l’autorité du royaume, en développant une armée de 20 000 à 30 000 soldats, qu’elle déploie pour pacifier et étendre les régions périphériques de l’île.

De plus, la souveraine impose le respect des coutumes et des lois traditionnelles, en recourant à des pratiques comme le fanompoana (travail forcé) ou le tangena (épreuve du poison). Ranavalona Ire est souvent considérée comme une tyranne par ses contemporains européens, mais aussi comme une souveraine patriote et visionnaire par les nationalistes malgaches.

Ranavalona Ire a marqué l’histoire de l’île par sa volonté de préserver l’indépendance et la souveraineté du pays face aux ambitions coloniales européennes et a su faire preuve de courage et de détermination pour défendre ses intérêts et ceux de son peuple. Par ailleurs, elle a contribué à renforcer l’identité culturelle malgache en valorisant les traditions ancestrales, à lutter pour le développement de son pays et en s'opposant à l’implantation du christianisme. Elle a ainsi laissé un héritage historique et symbolique fort pour les générations futures.

Ranavalona III

Ranavalona III (1861-1917) est la dernière reine de l’île. Elle règne à partir de 1883, après le décès de sa grand-tante Ranavalona II, jusqu’à la colonisation française en 1897 qu’elle tente d’éviter en renforçant les relations commerciales et diplomatiques avec les États-Unis et la Grande-Bretagne. Mais les attaques françaises contre les villes côtières et l’assaut de la capitale Antananarivo aboutissent à la prise du palais royal en 1895. La reine et sa cour sont d’abord autorisées à rester comme des symboles, mais l’éclatement d’un mouvement de résistance populaire mené par les Menalamba et la découverte d’un complot antifrançais à la cour conduisent les Français à exiler la reine à La Réunion en 1897. Son mari, le premier ministre Rainilaiarivony, meurt la même année. Elle est ensuite transférée dans une villa à Alger, avec plusieurs membres de sa famille, où reçoit une allocation et jouit d’un niveau de vie confortable, mais elle n’est jamais autorisée à retourner dans son pays. Elle meurt d’une embolie dans sa villa en 1917 et ses restes sont rapatriés en 1938, où ils sont placés dans le tombeau de la reine Rasoherina au Rova d’Antananarivo.

Ranavalona III a marqué l’histoire de la grande île par sa volonté de maintenir le dialogue et la coopération avec les autres pays, malgré la pression coloniale française. Elle a su faire preuve de dignité et de clémence face aux adversités qu’elle a rencontrées. Elle a aussi contribué à moderniser le pays, en favorisant l’éducation, la santé et les infrastructures, laissant un héritage historique et humaniste pour les générations futures.

Une économie aux produits de qualité

L’île dispose d'une économie essentiellement agricole, basée sur la culture vivrière (riz, manioc, maïs) et la culture d'exportation (vanille, cacao, café). La vanille est le produit phare du pays, qui en est le premier producteur mondial avec près de 80 % du marché. Elle est réputée pour sa qualité et son arôme, et provient principalement de la région de Sava, au nord-est de l'île. Sa culture nécessite un savoir-faire ancestral et un travail minutieux. Il faut féconder manuellement chaque fleur, récolter les gousses à maturité, les faire sécher au soleil et les affiner pendant plusieurs mois.

Le cacao malgache est également très apprécié pour son goût fin et fruité. Il provient surtout de la vallée du Sambirano, au nord-ouest de l’île, et est cultivé selon des méthodes respectueuses de l'environnement et du bien-être social. Il bénéficie d'un label bio et équitable et est utilisé par des chocolatiers de renom.

Le café est cultivé dans différentes régions du pays, notamment dans les hauts plateaux du centre. Il se distingue par sa saveur douce et acidulée, et présente plusieurs variétés, à l’instar du bourbon pointu ou le typica. Il est souvent torréfié sur place, ce qui lui confère une fraîcheur incomparable.

Outre ces produits agricoles, la grande île exporte des ressources minières (nickel, cobalt, ilménite), des produits halieutiques (crevettes, thon) et des produits artisanaux (broderies, vannerie, pierres précieuses). Elle entretient des relations commerciales avec plusieurs pays, dont la France, la Chine, l'Inde et les États-Unis.

Madagascar offre une diversité géographique, culturelle et historique remarquable. Son patrimoine naturel et humain est un atout pour son développement économique et social, mais aussi un défi pour sa préservation et sa valorisation. C’est un pays qui mérite d’être connu et visité afin de découvrir ses richesses et ses potentialités.